« Si ton œil était plus aigu,
tu verrais tout en moulement »

Moulement vous embarque ! Des bas-fonds de la Ménagerie de Verre aux greniers du Théâtre de la Ville, en passant par le Théâtre de la Colline, de Gennevilliers ou d’Aubervilliers, de Chaillot ou de Vanves, aussi bien que par le Centre Georges Pompidou, le Théâtre de la Bastille, et tant d’autres, Moulement vous offre un moment de détente-plaisir inattendu.

Considérations à voix basse, business, ricanements, blagues et fins de buffets : c’est en fréquentant les pots de première que Moulement a aiguisé son sens de l’à-propos, son discours sur l’art, sa critique de la critique et sa connaissance des élites.

Moulement, qui n’a rien à voir avec la moule mais bien plus avec le moule, se montre d’une curiosité incessante sans jamais tomber dans des effets de provocation moderniste. Les adversaires de Moulement, d’ailleurs, sont davantage du côté de l’académisme que dans la question du contemporain à tous crins ou de l’archaïsme.

Moulement est un espace ouvert à l’analyse critique des enjeux esthétiques, culturels et politiques du monde d’aujourd’hui
et ne se pose aucun interdit.

Suivons le Moulement !

jeudi 19 avril 2012

SUCCÈS #1


par Jean-Marie Foirier







EMPLOI : Les stages AFDAS

Se former, se diversifier, apprendre... faire des rencontres professionnelles, les stages AFDAS sont là pour ça ! Enfin... pour les techniciens peut-être, mais pour les interprètes (acteurs, danseurs...), je m’interroge : est-ce que l’offre correspond réellement à la demande ?


Un acteur sur deux veut-il vraiment faire du clown... pardon, trouver ou accepter son clown ? Parce que sur les 50 stages de l’année, une bonne vingtaine propose des choses comme : Le clown poète ou farceur / Le clown ou l’art du ridicule / Le Clown Le Geste, La Geste / Clown en chemin / Clown côté cuisine / Chœur de clowns / Clown en mode mineur…. J’en passe et des meilleurs...

Donc, pour ceux qui ne souhaiteraient pas passer 3 semaines de stage avec un nez rouge ou de grandes godasses, (ou pas de nez rouge du tout parce que c’est bien connu le clown évolue et lui, il a fait sa révolution...) il y a donc le reste.

Là encore... problème : LES CHANTIERS NOMADES qui englobent une bonne partie du dit « reste » et là, oui, on se dit que finalement, un stage de clown, c’est pas si con, à moins d'être dépressif et de vouloir s’infliger ce genre de propositions :
Jouer une poétique de la langue / Vers un théâtre du ressenti / Orpailleurs de lumière / Le vide comme processus créateur / Le corps et la voix, véhicules de nos présences imaginantes / Déplacer la parole / À partir d’une écriture contemporaine de la piste / Le théâtre comme épiphanie du poème / L’acteur post-dramatique / L’acteur nu / Douze portraits et une chorale / La présence de l’acteur considérée comme un évènement dramatique / L’acteur contemporain existe-t-il ? / L’acteur bouffon de la langue (Superbe ! ) / L’acteur et le conflit / Acteurs de situation extrême / Une poétique de la complexité / Prendre le risque de l’éphémère et du poème / De la table au plateau : aller-retour / Jouer à être idiot / Hurle Monde / Théâtre en immersion totale / La parole au cinéma après la mort du cinéma (celui-ci je l’adore !!! je me renseigne sur cette histoire de mort du cinéma, c’est comme la mort de l’art selon Buren ? Si quelqu’un sait...)

Alors bien sûr tous ces stages sont animés par des grands noms du théâtre et du cinéma... enfin presque ! Parce que pour celui intitulé « LA DIGNITE DE L’ACTEUR-AUTEUR » (du 27/08/2012 au 14/09/2012), côté CV des formateurs, ça reste assez obscur ! Si vous allez voir le descriptif du stage sur le site... ça l’est tout autant !

Bon mais c’est vrai,  il n’y a pas que ça ... il y a aussi tous les stages de post-syncro ou doublage, et il y a ceux qui se battent, qui veulent frapper fort, encore plus fort que les Chantiers et autres clowns réunis, et qui vous proposent ça à la rentrée 2012 : L’envers du clown ou le théâtre de Spinoza.

BRAVO !

Peggy Guitte


FOODING #1

Madame Flétan fait régner sur la scène contemporaine une austérité de bon aloi. Même en plein festival, elle continue de veiller jalousement sur cette frontière qu’elle veut maintenir entre la vie publique et la vie privée. Et pourtant, Moulement a réussi à la rencontrer, un dimanche après-midi, dans un petit troquet parisien traditionnel, Chez Beaubourg, pour nous livrer quelques idées cuisine toutes personnelles. Compte-rendu.


Madame Flétan est si peu connue qu’elle peut faire du shopping dans Paris sans être remarquée. Elle fait souvent ses courses dans les magasins du quartier de la Madeleine ou au Bon Marché, dont elle est une habituée de longue date. Aucun policier ne l’accompagne. Seul, un chauffeur au volant d’une D.S. noire l’attend de porte en porte. Chez Fauchon elle achète des gâteaux secs, des bonbons anglais, et des confitures. À la Maison de la Truffe, elle achète des produits régionaux du Périgord, qui ont gardé le goût de son enfance. Chez Creplet, elle achète des fromages. Elle aime la mimolette, fromage du nord de la France ressemblant au Hollande. À la campagne le week-end, elle mange du comté, fabriqué par la coopérative fromagère locale. Dans le quartier, les commerçants disent qu’elle est une vraie ménagère, sachant ce qu’elle veut. Elle paye toujours comptant tout ce qu’elle achète.

Elle est très attentive à la qualité car elle est une connaisseuse en même temps qu’une bonne fourchette. Elle aime en quantité et en fréquence modérée les vieux plats français, la potée lorraine, le pot-au-feu, le boeuf bourguignon, les plats populaires en général. Si on la consulte sur le menu du jour, il lui arrive même de répondre : « Eh bien pourquoi ne ferait-on pas du chou ? ». Elle le dit souvent elle-même : « J’aime les plats familiaux du peuple français. Oui ! Je mange socialiste ! » Son dernier coup de coeur : la daube de sanglier de l’Île de Beauté, pour laquelle elle aime découper les carottes en rondelles, elle-même. « Et toujours la veille, les carottes ! C’est meilleur ! », nous lance-t-elle, comme un ultime friendly advice. À Moulement, on est sous le charme.

mercredi 18 avril 2012

BAVARDAGES : La chronique-passion de Jean-Krak Pavlov


"Contempler est inutile. Nous nous transformerons en parasites, en spadassins, et nous plongerons l’adversaire, inférieur en nombre, dans d’inextricables labyrinthes. Une autre lueur jaillira de l’obscurité, remarquable extension et confirmation, en vérité. Gênés sans cesse dans leur mémoire, gardes, conducteurs, gardiens et fonctionnaires, blessés ou morts, se relèveront pour l’avènement d’une théâtralité différente, ayant déjà le teint jaune comme une orange dans le buffet."
J.K.P.

Si on ne saurait écarter de cette étude l’influence de X1 sur la liberté synthétique, force est de constater que ce sont les X2, à travers leur imagerie-ritournelle mythologique de type « réunion-qui-tourne-mal-pendant-le-repas-du-week-enddes-amis-qui-passent-la-maison-des-collègues », qui particularisent  la relation entre objectivisme et monoïdéisme du spectateur, et en décortiquent ainsi l’aspect irrationnel. Il en va ainsi de leur dernier travail comme de leur premier : acteurs, bouffons de la langue (voir pour cela l’article consacré aujourd’hui au régal des stages Afdas). Mais nous y reviendrons plus tard.

Dans cette même perspective, X3 réfute l’expression rationnelle de l’immutabilité : l’acteur vocifère, et il faut s’y faire. On pourrait même, à ce train là, mettre en doute X4 dans son analyse générative de la contemporanéité. En effet, le mélange poétique multi-glam de sa dernière production, La Salle des Pas Perdus n°12laisse à croire qu’il en va ainsi de l’immutabilité intrinsèque au théâtre de l’instant. Le fait que X5 minimalise, quant à lui, la réalité de l’immutabilité signifie qu’il en rejette la déstructuration universelle dans sa conceptualisation. On le voit dans son goût pour le papier peint, la performance populaire et l’évènement intello-baggy, notamment dans Je Poète, un réinterprétation rock’n roll de la correspondance d’Antoine Le Rond-Allibert et Marguerite François. 

C’est ainsi qu’on ne saurait assimiler, comme le fait X6l’objectivité morale à un primitivisme, et tout ça pour quoi ? Pour l’opposer à son contexte social et politique ! Sa dernière création, On est pas rendusune belle collaboration avec le slammeur-philosophe X6bis, montrait un souci du réel permanent dans une inquiétude toute bergsonienne : les bourgeois de quarante ans sont-ils des mutants ? Oui, bien sûr, répondrait X6, en faisant le poirier, ils le sont, nous le sommes, vous le zêtes. Perturbés, bouleversés, transformés, traversés, transpirés, mais vivants ! 

On ne saurait, par déduction, reprocher à X7 sa passion spéculative et jalouse pour le théâtre allemand, ni à X8 et X8 leur inclinaison gauchisante de type Anne Roumanov le dimanche. Cela nous permet, par contre,  d’envisager qu’on ne saurait écarter de la problématique l’impulsion X9ienne de l’ultramondain rationnel que proposent les uns et les autres dans leurs mises en scène. À noter enfin que l’objectivité, ou l’objectivité irrationnelle, ne suffisent pas, hélas, à expliquer leur tantrisme postinitiatique.

Il est alors évident que c’est X10 et X10 qui examinent de la manière la plus féconde qui soit l’analyse universelle de l’immutabilité. Il convient de souligner qu’ils s’en approprient l’aspect spéculatif, bien qu’ils se dressent contre l’abstraction et le tribalisme existentiel à travers leur attrait pour la danse populaire conceptualisée et le dandysme pornographique. 

Il faut cependant mitiger ce raisonnement, comme toujours à Moulement, dans le sens où X11par exemple, interprète la relation entre holisme et suicide. Mais passons ici sur X11, qui demanderait davantage de place. 


Ainsi, on constate avec effarement que c’est X12 qui, finalement, systématise le mieux la démystification rationnelle de l’immutabilité. Sa dernière pièce, Let’s just dance together and be friends, est d’ailleurs sous-titrée à juste titre : one piece, one idea. Encore une fois apparait alors l’idée de l’unicité universelle, l’efficacité, la réussite, et peut-être même le désir de Dieu : le succès. On ne saurait l’en blâmer, évidemment. De la même manière qu’on ne saurait reprocher à X13 son confusionnisme idéationnel à la vas-y-que-je-te-pousse, à X14  ses problèmes de grand âge, ou à X15 son goût pour les médias et pour le risque scatologique. 

C’est dans cette optique  d’ailleurs que les X2 particularisent la démystification métaphysique de l’immutabilité. Ils écrivent dans Les Bronzés trouvent un accord sur Kierkegaard : « Si l’immutabilité irrationnelle est pensable, c’est en systématisant l’analyse sémiotique dans sa conceptualisation. » Il faut cependant mitiger cette affirmation quelque peu erronée dans le sens où leurs modèles, X16 et X17, réfutent leur conception transcendentale de l’immutabilité, avouant par là qu’elle tire d’ailleurs son origine… de l’objectivisme existentiel !

Les Bonus 

1. LE JEU : Retrouvez les noms lâchement gommés par la Rédaction, et tentez de gagner une bouteille de champagne ! 
Envoyez vos propositions à moulement@gmail.com

2. LE STAGE : Jean-Krak Pavlov proposera bientôt un stage pour programmateurs en recherche d’emploi. « Après la mort du goût, comment faire des choix ? » 
Inscriptions sur moulement.tumblr.com

Dans le prochain numéro, Jean-Krak Pavlov laissera la place à Sophie Branchu qui interviewera, avec la franchise qu’on lui connait, Michel Relent, le directeur de la programmation du Cercle de Gaulle. Une rencontre sulfureuse et émouvante à la fois, portant sur un thème des plus délicats : « Hype-Pas hype : ouverture du champ des possibles ».

Marie-Andrée Viaduc prendra également la plume pour évoquer le succès de Chat-Charette Là, le dernier spectacle de Greg Anthony. Elle nous donnera à lire un saisissant portrait de l’Acteur à travers une véritable « leuchon » de théâtre. En bonus, un papier fourmillant de détails sur le mobilier vénitien et les toilettes à la turque. 


Enfin, et pour le plus grand plaisir des lecteurs de Moulement, nous profiterons du prochain numéro pour revenir sur Jennifer Grimaldi, la directrice artistique du Carneggie Hall du Puy-de-Dôme. Nous la retrouverons cette fois dans un épisode intitulé : « Oh ben nous au moins on a le soleil, et ça, ça vaut tous les spectacles ». 

MODE : Le bon Jeans


Éducation du public « pro »
par Anna Vintoul

Leçon n°1: Le bon jeans


Lorsque l’on voit plus d’une centaine de spectacles par an, la question de l’habillement devient essentielle : quelle image veut-on donner de soi ? Comment représenter l’institution tout en étant dans le coup ? Comment créer une relation de distance avec l’artiste avide d’une co-production tout en donnant l’image que vous faites partie de la même famille du « spectacle contemporain » ? 

Le jeans, dans le dangereux espace urbain que vous fréquentez, sera le parfait uniforme et le meilleur ami de votre corps, ramolli par des heures passées devant des budgets. Indémodable, transgenre, il est un basique de la mode et oscille parfaitement entre « classe » et « cool ». Vous le choisirez bleu-brut, pour son côté passe-partout. De plus, n’oubliez pas que le jeans est un signe de réussite sociale, il vous permettra de vous repérer entre pros parmi la faune des spectateurs « normaux » et des artistes « précaires ». 

Mais quelle coupe choisir ? 

Le bootcut (légèrement évasé à la cheville, très utile pour les silhouettes allongées aux grands pieds mais passé de mode) ? Le normal fit (coupe droite normale convenant bien aux corps un peu forts mais déconseillée pour les grands maigres) ? Ou le slim/semislim (plus ou moins resserré au niveau des cuisses et de la cheville) ?

Force est de constater que le jeans slim ou semi-slim, très à la mode depuis quelques années, sera du meilleur effet pour les pots de première. Il sera porté avec chemise/polo et baskets (Converse ?) chez l’homme, chemisier/petite veste et ballerines chez la femme.

À priori il semble parfait, mais attention, il a un gros inconvénient : son confort pendant le spectacle ou la performance. Les lieux parisiens étant majoritairement inconfortables pour le public, vous ne passerez pas à côté de l’humiliation de devoir « remonter » votre jeans au moment de l’assise, ou pire, de devoir vous asseoir sur des coussins à même 
le sol.

Ce choix peut aussi comporter quelques risques pour la santé.

Chez l’homme, un pantalon porté trop serré peut être à l’origine de douleurs testiculaires. Notamment parce qu’il augmenterait la température des testicules, ce que confirme le Dr Richard-Olivier Fourcade du Centre hospitalier d’Auxerre, dans les colonnes de notre confrère Le Quotidien du Médecin. (Pour information, les bourses et le périnée peuvent aussi être affectés par le port prolongé de sous-vêtements trop serrés.) Dans de telles conditions, la réflexion critique devient douloureuse, toute l’attention étant portée sur l’entre-jambe, la proposition de l’artiste n’est plus qu’un bruit de fond. Avant que le spectacle ne commence et que vous ne soyez plongés dans le noir, ne comptez pas « replacer » vos testicules, surtout si votre collègue du Minitère est assis à côté de vous, ou que vous tenez absolument à serrer la main de cet artiste que vous convoitez : ce serait très mal venu.

Chez la femme en revanche, « un pantalon serré n’a pas d’influence notable sur la survenue d’une mycose vaginale » explique le Pr Christian Quéreux, de Reims. Mais portés trop près du corps, ces pantalons pourraient cependant favoriser l’apparition de troubles gastro-intestinaux, chez l’homme comme chez la femme d’ailleurs. Voilà notamment pourquoi le Pr Marc-André Bigard de Nancy vous déconseillera d’en porter si vous souffrez de reflux gastro-œsophagien... Mais, hormis ces quelques inconvénients, rien n’indique qu’il vous empêchera de vous concentrer, de profiter de l’œuvre présentée et plus encore du pot de première.

En conséquence il semble que deux stratégies s’offrent à vous :

- Pour une première, optez pour un jeans slim/semi-slim. Vous comprendrez peut-être moins bien le travail présenté mais peu importe, là n’est pas le principal. Moulement vous conseille de le porter et de le laver avant votre fameuse soirée. Avec un peu de chance celui-ci sera devenu un peu plus souple, plus confortable. Vous vous sentirez mieux, en connexion avec votre environnement, bien dans votre peau, plus à même d’être dans une réflexion analytique. Une fois que vous aurez en main une coupe de mousseux, vous retrouverez une confiance en vous que votre pouvoir justifie.

- Pour aller voir un spectacle incognito ou d’un artiste de seconde zone, préférez un jeans plus ample, le normal-fit par exemple qui vous permettra d’être plus à l’aise et de pouvoir partir en courant dès la fin du spectacle. Alors que vous arriverez en sueur dans le métro ou le taxi le plus proche, déprimé une nouvelle fois par la perte de temps que vous vous êtes infligée, répétez-vous la jolie citation de David Herbert Lawrence : « La santé de l’esprit a sa racine dans les couilles ».